Changement climatique et contamination par le mercure La Rochelle Université > Actualités > Changement climatique et contamination par le mercure Publié le 9 février 2022- mis à jour le 13 mai 2024 Des chercheuses et chercheurs de La Rochelle Université et du CNRS publient, avec des partenaires norvégiens, une étude dédiée à l’influence du changement climatique sur les concentrations de mercure chez des oiseaux marins au Spitzberg. Des chercheuses et chercheurs du Centre d’Études Biologiques de Chizé et du laboratoire Littoral Environnement et Sociétés ainsi que leurs partenaires de Norvège, ont récemment publié l’étude à long terme « A U-turn for mercury concentrations over 20 years: how do environmental conditions affect exposure in Arctic seabirds? *» dans la revue « Environmental Science and Technology ». Cette étude traite de l’influence du changement climatique sur les concentrations de mercure chez des oiseaux marins au Spitzberg (Arctique Norvégien). Le suivi, mené pendant 20 ans avec le soutien de l’Institut Polaire Paul Emile Victor, dévoile que les niveaux sanguins de mercure chez les mouettes tridactyles ont, dans un premier temps, diminué de 3% par an de 2000 à 2013. A partir de 2014, la tendance s’est inversée, et les niveaux sanguins de mercure ont augmenté de 11% par an. Comment s’explique un tel phénomène ? L’étude met en lumière le rôle essentiel des concentrations en chlorophylle a, qui reflètent la production primaire dans le milieu marin, ainsi que de l’étendue de la banquise. Au début des années 2000, les concentrations élevées de mercure étaient probablement liées à une plus grande proportion de poissons strictement arctiques consommés par les mouettes (e.g. morue polaire). L’apport progressif de poissons subarctiques moins contaminés (e.g. capelans) dans le régime alimentaire des oiseaux, aurait alors entraîné une diminution des concentrations de mercure jusqu’en 2013. Puis, l’arrivée de poissons plus contaminés en provenance de l’Atlantique (harengs, juvéniles de cabillaud), associée à une remobilisation du mercure dans l’océan en réponse à un retrait plus prononcé de la banquise, pourraient expliquer la récente augmentation de la contamination par le mercure. Cette étude suggère qu’en réponse au changement climatique, le retrait de la banquise et une productivité primaire plus importante entraîne une « Atlantification » de l’océan Arctique et impacte la contamination des oiseaux marins par le mercure, via des changements dans les communautés de poissons-proies. Ce travail souligne l’intérêt majeur des oiseaux marins comme bioindicateurs pour le suivi des contaminants. De tels suivis à long-terme sont essentiels pour mesurer l’efficacité des mesures de régulation de la pollution, et pour comprendre les interactions complexes entre changements climatiques et contamination des écosystèmes polaires. *A U-turn for mercury concentrations over 20 years: how do environmental conditions affect exposure in Arctic seabirds? Tartu, S., Blévin, P., Bustamante, P., Angelier, F., Bech, C., Bustnes, J.O., Chierici, M., Fransson, A., Gabrielsen G.W., Goutte A., Moe, B., Sauser, C., Sire, J., Barbraud, C., and Chastel, O. 2022. Environmental Science & Technology. DOI: 10.1021/acs.est.1c07633