Le CNRS et La Rochelle Université contribuent à une vidéo sur les impacts de la disparition des bocages La Rochelle Université > Actualités > Le CNRS et La Rochelle Université contribuent à une vidéo sur les impacts de la disparition des bocages Publié le 4 février 2020 Au cours de ces 20 dernières années, un effondrement massif des effectifs de reptiles et d’amphibiens dû à la modification des paysages de bocages a été constaté. Le CNRS et La Rochelle Université ont participé au financement d’une vidéo sur cette question. Les bocages sont des milieux d’une grande biodiversité. Aujourd’hui, ils sont cependant menacés notamment par les nouvelles pratiques agricoles. Le modèle agricole qui perdure depuis plus de 20 ans tend à l’arrachage des haies et au comblement des mares. Cela coïncide avec l’abandon progressif de l’élevage au profit d’un modèle de grandes cultures. De plus, l’entretien mécanique a fait passé les haies de 3 mètres de large à seulement 50 centimètres réduisant considérablement les opportunités d’habitat pour les espèces. En 50 ans, le constat est là dans les Deux-Sèvres 35% des mares et 40% des haies ont disparus. Naturalistes et chercheur·euses (dont chercheur du Centre d’Études Biologiques de Chizé) se sont penché·es sur l’impact de l’évolution des paysages bocagers sur les reptiles et les amphibiens en prenant deux espèces emblématiques le triton marbré et la vipère péliade. Le cas des tritons marbrés Cette espèce se reproduit en milieu aquatique et passe le reste de l’année en dehors de l’eau. Elle dépend donc des haies et des boisements pour s’alimenter et se réfugier. La modification du paysage bocager a eu un effet direct sur les tritons. Pour évaluer ces impacts dans le département des Deux-Sèvres des prélèvements génétiques ont été effectués sur un échantillon de plus de 760 tritons vivant dans 65 mares différentes. Les résultats de cette étude montrent que plus il y a de mares, plus la viabilité des populations sur le long terme est importante. À l’inverse dans les espaces dépourvus de haies et de boisements, les populations sont isolées ce qui met en péril l’avenir des tritons. Le cas des vipères péliades Une étude a également été menée sur les vipères péliades. Cet animal à température variable utilise les haies pour thermoréguler sa température. Son rythme d’activité est intrinsèquement lié à son exposition au soleil. Le milieu bocager offre traditionnellement des conditions de micro-habitat favorables à la thermorégulation et protège amphibiens et reptiles contre les prédateurs. Malheureusement, l’arrachage des haies a mené à la disparition de ces micro-habitat impactant directement les population de vipères péliades mais également d’autres reptiles. En effet, en 20 ans, une disparition de 90% des reptiles dans les bocages des Deux-Sèvres a été observée. Comment préserver nos bocages ? Un dispositif national de suivi des bocages français propose une cartographie de référence qui a pour objectif de sauvegarder ce patrimoine agricole et sa biodiversité. Cette cartographie est destinée aux collectivités territoriales qui vont pouvoir mettre en place des politiques favorables au maintien des espaces bocagers et à leur reconstitution. Les chercheur·euses se veulent positif·ves et assurent que si la gestion des haies se fait à l’échelle locale en prenant en compte la biodiversité, elle peut concrètement contribuer au maintien de ces espèces. Des réglementations, des politiques agricoles et l’éducation aux problématiques environnementales peuvent également permettre de faire perdurer la vie dans nos campagnes.